Il me tient à cœur depuis quelques temps de vous parler d’un sujet certes pas du tout joyeux mais très important. L’incitation à l’avortement. Il y’a quelques mois, j’ai subi pendant 2 jours un harcèlement moral de la part du géniteur de ma fille pour me contraindre à avorter. Quelques amis proches seulement étaient au courant des propos assez violents que je m’étais pris en plein visage ainsi qu’un agent de police après avoir effectué un signalement.
Aujourd’hui, alors que j’ai terminé mon deuil amoureux et en parlant avec d’autres mamans solo, je me rends compte que je suis très loin d’être la seule à avoir subi cette violence psychologique. Beaucoup d’entres nous ont dû supporter et faire face, enceinte, à des menaces ou du chantage pour nous inciter à avorter.
En 1974, la très grande Simone Veil pour qui j’ai énormément de respect a légalisé l’avortement en France. Une énorme victoire pour l’avancée du droit des femmes et j’espère de tout cœur que mon pays ne reviendra jamais sur cette loi. Chaque femme se doit d’être libre de ses choix et de son corps. Voici un extrait du discours de Simone Veil prononcé à l’Assemblée Nationale :
« Contrairement à ce qui est dit ici ou là, le projet n’interdit pas de donner des informations sur la loi et sur l’avortement ; il interdit l’incitation à l’avortement par quelque moyen que ce soit car cette incitation reste inadmissible.«
Je peux comprendre la colère des hommes face au fait de devenir « père » sans aucune envie d’assumer ce rôle. Cependant certaines paroles peuvent détruire moralement une femme qui est déjà fragilisée par une grossesse.
Aujourd’hui, je suis révoltée et en colère de voir que nous sommes autant à devoir faire face à de tels propos dans le silence le plus total. Lorsque je recevais ces messages violents, je me disais que j’étais la seule au monde à être tombée sur le « cinglé de service ». J’avais connu un homme doux, qui n’avait jamais eu une seule parole déplacée envers moi et je faisais face désormais à un monstre. Je savais pertinemment qu’il n’assumerait pas son rôle de père mais je ne m’attendais pas à devoir subir une telle violence psychologique.
Que faire face à ces menaces ?
Pour ma part, j’ai essayé du mieux que je pouvais de tempérer la situation. Ne surtout pas énerver encore plus la « bête » qui est face à vous. Quand les propos vont vraiment trop loin, ne répondez pas. Si ceux-ci persistent plusieurs jours, n’hésitez pas à aller à la Police pour votre protection. Celle-ci vous conseillera au mieux selon votre situation. On m’a fortement suggéré après la lecture des messages de déposer une plainte afin d’obtenir une mesure d’éloignement du juge. J’ai refusé de peur d’aggraver la situation et j’ai « juste » signalé l’identité du géniteur ainsi que son véhicule. Je n’ai heureusement pas eu à aller plus loin car le silence radio a ensuite fait place.
Cette pression psychologique fait extrêmement mal. J’étais en pleurs et en panique total lorsque je recevais ces messages. Je voulais fuir de chez moi à tout prix. J’évitais de sortir. Ma plus grosse erreur a été garder mon mal-être pour moi et de porter le masque de la fille forte devant mon entourage. Je me suis écroulée pour la première fois lors d’un rdv avec mon gynécologue alors qu’il me demandait comment je me sentais moralement.Je lui ai tout raconté, il m’a gardé plus d’une demi-heure pour écouter ce que j’avais sur le cœur. Le premier déclic vers la « guérison » a été déclenché par cette simple réplique « Ce que vous a dit cet homme, pardon ce lâche, est ignoble. Ce n’est qu’une pourriture ! ». Parler avec d’autres mamans dans mon cas m’a également énormément aidé. Ne restez pas seule dans une telle situation, exprimez vous.
Cet harcèlement peut venir du conjoint mais aussi de la famille, des amis et parfois même d’un employeur ! Dans tous les cas, n’oubliez pas que c’est à vous que revient la décision finale.
On me demande souvent pourquoi je me refuse à m’engager en justice pour obtenir une reconnaissance de paternité. Je réponds deux choses : « Il n’a pas pu m’imposer l’avortement, je ne veux pas lui imposer sa paternité. » et « Je ne veux rien d’un « homme » capable de dire de telles choses ». Je vous laisse avec quelques extraits des nombreux messages que j’ai pu recevoir (alors que j’étais enceinte de 19 semaines de grossesse) d’un homme qui prétendait me « respecter ».